Pierre Vermeren: «Le modèle des métropoles a rendu les Français étrangers les uns aux autres» - Le Figaro - 2021-04-07
Date du jour
07.04.2021
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Pierre Vermeren: «Le modèle des métropoles a rendu les Français étrangers les uns aux autres»
Information succinct
L’historien dépeint dans son nouveau livre, L’Impasse de la métropolisation (Gallimard, coll. «Le Débat»), les bouleversements de l’organisation du territoire français et de notre société depuis quarante ans, marqués par la concentration de la production de richesse dans un petit nombre de très grandes agglomérations. Il explique l’ampleur et la brutalité de la mutation intervenue. Et en analyse les conséquences sociales qu’il juge catastrophiques pour la France.
La métropolisation est une recomposition générale de la répartition des hommes, des espaces et des richesses sur notre territoire. Elle consiste en la concentration des classes aisées, des activités rentables et des anywhere - les mondialisés, par opposition aux enracinés - sur une petite partie du territoire. En France, la douzaine de métropoles connectées entre elles et reliées au monde représentent 5% du territoire, dont la moitié pour la région parisienne. Dans ces douze métropoles au sens strict vivent 10% de la population française (outre-mer compris) et, si l’on prend en compte les aires urbaines métropolitaines, 27% à 28% dela population française. Ce qui signifie que près de trois Français sur quatre n’y vivent pas.
Le vice structurel de la métropolisation est d’avoir procédé à une partition physique et territoriale entre classes sociales.
Si ce modèle est déjà à bout de souffle, c’est qu’il est soumis à des crises fréquentes et systémiques. Il y a les événements: révolte des banlieues en 2005, crise des«bonnets rouges» en 2013, insurrection des «gilets jaunes» en 2018, sans parler dela catalepsie du Covid. Il y a des crises endémiques, comme la montée structurelle du chômage, de l’insécurité et des crimes, ou la désagrégation paysagère de la France, si peu commentée. Enfin, la crise démocratique se traduit par des alternances de majorité systématiques depuis 40 ans, par la hausse de l’abstention, désormais supérieure à 50% (hormis à la présidentielle) et par les votes aux extrêmes.
La bourgeoisie moderne est mobile et interchangeable, ce qui donne lieu à une circulation des élites inédite. D’un CHU à l’autre, au sein des grandes entreprises ou de la haute fonction publique, on change de métropole et on séjourne à l’étranger. La chute drastique de la production en France, qu’illustre notre abyssal et croissant déficit commercial, a libéré les élites des servitudes de l’encadrement surplace. Les standards socioculturels au sein des métropoles se sont homogénéisés sur le modèle parisien. Ce n’était nullement le cas de la Révolution aux années 1950.
Une des conséquences désastreuses de la «métropolisation» est la fin d’un contact quotidien entre les différentes catégories sociales.
La métropolisation a changé le modèle économique: chute de la production agricole et industrielle, avènement d’une économie de cadres dans les services ou la haute technologie… les milieux ne se fréquentent plus.
La quasi-totalité des médias français se situent dans les métropoles. Ils s’intéressent au monde que fréquentent les journalistes, le centre-ville riche et la banlieue proche d’immigration récente.
Pour aller d’une métropole française à l’autre, on ne traverse plus le territoire, on le survole. Alors que la route nationale d’autrefois irriguait le territoire, avec ses restaurants et ses auberges, l’autoroute et le TGV l’ont saigné.
Pour moi, la réindustrialisation et la relance des activités productives - dans un cadre écologiquement maîtrisé - sont la priorité absolue.
La métropolisation est une recomposition générale de la répartition des hommes, des espaces et des richesses sur notre territoire. Elle consiste en la concentration des classes aisées, des activités rentables et des anywhere - les mondialisés, par opposition aux enracinés - sur une petite partie du territoire. En France, la douzaine de métropoles connectées entre elles et reliées au monde représentent 5% du territoire, dont la moitié pour la région parisienne. Dans ces douze métropoles au sens strict vivent 10% de la population française (outre-mer compris) et, si l’on prend en compte les aires urbaines métropolitaines, 27% à 28% dela population française. Ce qui signifie que près de trois Français sur quatre n’y vivent pas.
Le vice structurel de la métropolisation est d’avoir procédé à une partition physique et territoriale entre classes sociales.
Si ce modèle est déjà à bout de souffle, c’est qu’il est soumis à des crises fréquentes et systémiques. Il y a les événements: révolte des banlieues en 2005, crise des«bonnets rouges» en 2013, insurrection des «gilets jaunes» en 2018, sans parler dela catalepsie du Covid. Il y a des crises endémiques, comme la montée structurelle du chômage, de l’insécurité et des crimes, ou la désagrégation paysagère de la France, si peu commentée. Enfin, la crise démocratique se traduit par des alternances de majorité systématiques depuis 40 ans, par la hausse de l’abstention, désormais supérieure à 50% (hormis à la présidentielle) et par les votes aux extrêmes.
La bourgeoisie moderne est mobile et interchangeable, ce qui donne lieu à une circulation des élites inédite. D’un CHU à l’autre, au sein des grandes entreprises ou de la haute fonction publique, on change de métropole et on séjourne à l’étranger. La chute drastique de la production en France, qu’illustre notre abyssal et croissant déficit commercial, a libéré les élites des servitudes de l’encadrement surplace. Les standards socioculturels au sein des métropoles se sont homogénéisés sur le modèle parisien. Ce n’était nullement le cas de la Révolution aux années 1950.
Une des conséquences désastreuses de la «métropolisation» est la fin d’un contact quotidien entre les différentes catégories sociales.
La métropolisation a changé le modèle économique: chute de la production agricole et industrielle, avènement d’une économie de cadres dans les services ou la haute technologie… les milieux ne se fréquentent plus.
La quasi-totalité des médias français se situent dans les métropoles. Ils s’intéressent au monde que fréquentent les journalistes, le centre-ville riche et la banlieue proche d’immigration récente.
Pour aller d’une métropole française à l’autre, on ne traverse plus le territoire, on le survole. Alors que la route nationale d’autrefois irriguait le territoire, avec ses restaurants et ses auberges, l’autoroute et le TGV l’ont saigné.
Pour moi, la réindustrialisation et la relance des activités productives - dans un cadre écologiquement maîtrisé - sont la priorité absolue.
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